PEROU ( 1 )
Après Santa Rosa , le poste frontière du Pérou , nous faisons route vers Tacna la principale ville de la région . Tout nous semble triste , terne à côté du Chili . Le désert continue , plus couleur poussière que jamais . Puis nous arrivons à Tacna et faisons un arrêt surtout pour retirer de l’argent au distributeur automatique ( la monnaie est le nuevo sol . 1 euro = 3,44 NS ) . La ville se révèle très plaisante , très animée avec beaucoup de promenades carrelées et bordées de fleurs .
Du centre ville , nous prenons la direction de ce que nous pensons être Aréquipa , c’est à dire le nord ouest . En fait , à cause du GPS qui n’est pas vraiment à jour sur le Pérou , nous avons pris une route au nord est qui se révèlera être celle de La Paz ( Bolivie ) . Nous sommes montés à 3000 m dans de très beaux paysages de montagne avec 20 kms de ripio jusqu’à ce que nous arrivions à des bâtiments de l’armée . Un militaire charmant nous a confirmé que nous nous étions bien trompés de route . Français ! Chabal ! un militaire péruvien , au beau milieu des Andes , à 3000 m , nous a dit son admiration pour le rugbyman français . Le retour sur nos pas était obligatoire .
MAUVAISE DIRECTION MAUVAISE ROUTE
Nous nous sommes arrêtés à une cinquantaine de kms de Tacna sur le parking d’un petit musée ethnologique .
Mardi 20 janvier : retour vers Tacna . Trouver la route d’Aréquipa s’est révélé très compliqué . Nous étions totalement à l’opposé . Nous avons enfin trouvé Aréquipa , Lima . Nous sommes de nouveau en montagne , pendant tout le trajet , la montagne nous entoure avec parfois des canyons . Nous passons Moquegua , une grande ville , sans nous arrêter . Puis une belle vallée nous apparait avec des cultures de riz , des bananiers , un rio qui coule un peu . La mer est toute proche à Punta de Bombom . Puis on repart pour la montagne . A une quarantaine de kms d’Aréquipa , une immense mine s’offre à nos yeux , des terrils avec des couleurs pastel différentes barrent l’horizon . L’arrivée à Aréquipa est un peu hésitante , la route est mauvaise , les montagnes alentour sont occupées par des favelas . On cherche une station service pour passer la nuit . Il y en a , mais elles sont trop restreintes et il n’y a pas de place pour nous . Autre problème , le routard parle de l’insécurité dans la ville . On prend la direction du cercado ( centre ville ) . A un rond point qu’on prend pour une arène , un petit jardin , très fleuri et le long d’une rue calme , nous trouvons le bivouac que nous cherchions et qui va s’avérer très tranquille ( S:16 24 389 O:71 31 756 ) .
Mercredi 21 janvier : on ne sait pas trop où on se trouve par rapport au centre ville . On se lance , on y va à pieds . Et le petit miracle continue , un péruvien très obligeant nous explique que nous ne sommes pas très loin de la Plaza de Armas . Quelques rues et nous y voilà ! Belle surprise ! Aréquipa , surnommée la Blanche , parce que construite dans du sillar , une roche volcanique presque blanche , a une très jolie Plaza de Armas . Tout de suite , nous est venue cette impression : on se croirait en Espagne , avec les arcades blanches à deux étages , la fontaine au milieu , les pigeons sans oublier les majestueux palmiers . La fontaine en bronze est surmontée du Tuturutu , le génie protecteur de la ville du genre galopin rigolard . La place s’est vite remplie de monde , des groupes se sont formés au bord de la fontaine et donnent à manger aux pigeons vraiment très nombreux .Ensuite nous avons visité les deux églises de la place , d’abord la cathédrale , plutôt belle bien que très massive . On peut l’excuser , elle a été victime de plusieurs tremblements de terre et d’incendies . Elle a été reconstruite en 1866 dans un style néo- Renaissance , d’influence française paraît-il . L’intérieur est très chargé et assez quelconque , à part Satan que le prêtre écrase du haut de sa chaire et que l’on se plait à remarquer .
L’autre église qui se trouve quelques mètres en arrière est la Compania , une église jésuite de la fin du 17 ème avec une façade baroque splendide qui n’hésite pas à inclure des figures de la mythologie inca dans l’iconographie traditionnelle chrétienne . A l’intérieur un grand retable de bois sculpté doré du 18 ème captive toute notre attention . Le clou de la visite (payant ) est la chapelle San Ignacio . L’intérieur de sa coupole polychrome est couvert de décoration exubérante et naîve de perroquets et de fleurs multicolores , souvenir du temps où les missionnaires évangélisaient la forêt amazonienne .
Ensuite nous nous dirigeons vers le musée Santuarios Andinos (le plus visité d’Aréquipa ). Extrêmement beau musée , dans la pure tradition de l’art péruvien . Mais dès le départ , douche froide : vous devez remettre vos appareils photos , caméra , téléphone dans un coffre et on vous prévient il faut vous habiller chaudement car tout le musée est maintenu à une température très basse .
De quoi s’agit-il ? De la capaccocha , c’est à dire des offrandes humaines effectuées par les incas sur les montagnes andines . Un groupe de chercheurs d’Aréquipa s’y intéresse depuis une trentaine d’années . En 1995 , une éruption du volcan Sabancaya a fait fondre la calotte glaciaire du volcan Ampato , libérant une jeune momie de 12 ou 13 ans , Juanita , qui était là depuis 550 ans environ . Juanita est la mieux conservée des 18 momies incas découvertes à ce jour sur les hauts sommes andins . Les incas espéraient ainsi conjurer les catastrophes naturelles et s’attirer la bienveillance des Apus ( divinités des montagnes ) . On nous a passé une vidéo nous montrant les chercheurs , les fouilles , la belle Juanita trouvée dans la position du foetus , entourée de petites figurines ( des lamas ) , de récipients à chicha ( bière de maïs ) , d’un petit sac rempli de feuilles de coca , d’étoffes rouges et blanches en parfait état de conservation . Le musée s’est constitué uniquement autour des objets dégagés lors de la fouille du site . Cependant , la momie conservée dans un caisson transparent à –20 dg n’est pas Juanita que nous n’avons vue que sur la vidéo mais une autre . Juanita , elle , est étudiée dans les locaux de l’Université Catholique Santa Maria d’Aréquipa . Les scientifiques espèrent retirer de multiples informations sur les maladies , les virus , les bactéries et l’alimentation de cette époque .On parle de momies mais le terme est inexacte , en fait les corps ont été conservés naturellement par le froid .
Jeudi 22 janvier , nous sommes allés visiter un autre fleuron d’Aréquipa , le monastère Santa Catalina , situé dans le centre lui aussi . Il a été fondé en 1570 , à peine quarante ans après l’arrivée des espagnols à Aréquipa . Dès le départ ,des femmes d’origine sociale diverse sont entrées au couvent pour devenir des religieuses de clôture , abandonnant à jamais leur famille . Construit en tuf de lave , c’est le monument qui exprime le mieux l’architecture coloniale d’Aréquipa . C’est un immense couvent dominicain , vrai ville dans la ville , avec ses ruelles , ses placettes , ses cellules privatives , ses nombreux cloîtres , ses petits jardins exquis .
Vendredi 23 janvier , nous prenons la route du canyon du rio Colca qui se trouve à 180 kms au nord d’Aréquipa . Il s’étire sur une centaine de kilomètres et est considéré comme le deuxième canyon le plus profond du monde ( 3400m ). C’est un des endroits les plus célèbres du Pérou avec le site de la croix du condor . Mais à partir de Yura , la route est déjà à 3000m , nous savons qu’en passant le col de Patapampa , nous serons à 4910 m et Guy commence à se sentir mal . Aussi prenons nous la décision très à contrecoeur de rebrousser chemin et de remonter vers le nord du Pérou en longeant la côte . Donc , nous revenons vers Aréquipa et prenons la direction de Lima qui est encore à mille kilomètres . Et nous sommes toujours dans la montagne avec des montées , des descentes et beaucoup de virages . Nous traversons un désert de sable avec des tourbillons qui se lèvent de temps en temps . Nous nous arrêtons pour bivouaquer dans une petite ville qui s’appelle Ocona , nous avons fait 340 kms de montagne .
Samedi 24 janvier , départ d’Ocona difficile , la route qui enjambe le rio et s’en va à l’assaut de la montagne de l’autre côté est coupée et nous devons attendre très longtemps . Mais nous allons avoir droit à de superbes paysages de côtes rocheuses élevées , avec une mer bleu d’azur , de l’écume d’une blancheur éblouissante . Je crois que nous n’avons jamais vu une côte aussi belle pour les couleurs , la finesse , je dirais , l’élégance des rochers . De temps en temps un rio met du vert dans le tableau , et voici une vallée plantée d’oliviers , de figuiers de barbarie , de maïs . La route est toujours aussi accidentée , et nous devons sans arrêt nous méfier des camions fous qui descendent à tombeau ouvert .
Nous voyons de temps en temps une voiture arrêtée au bord de la falaise . Nous nous doutons bien qu’il s’agit de pêcheurs . Nous nous arrêtons auprès de l’un d’eux , il nous montre sa pêche , une grande bassine d’énormes pousse-pieds qu’il descend arracher aux rochers en se tenant avec des cordes .
A lomas nous quittons la côte pour prendre la route de Nazca qui est aussi celle de Lima . Nazca est à 170 kms de montagnes et avant d’arriver à Nazca on traverse un immense plateau désertique . Nous nous installons sur le parking d’un petit mirador qui se trouve en bordure du désert .
Dimanche 25 janvier : allons nous ou non prendre un petit avion pour savoir ce que sont ces fameuses lignes dont on avait entendu parler auparavant . Ce sont des motifs gigantesques tracés à même le désert par un simple déplacement des cailloux et qui sont profonds de 10 à 30 cm . Cela aurait été effectué entre le premier millénaire avant JC et l’an 900 de notre ère . Ces motifs étaient déjà connus de quelques locaux mais ont été portés à la connaissance du monde en 1939 par un savant américain . Ils représentent des animaux , des hommes , des plantes , des dessins géométriques , de simples lignes qui se croisent , avec une symétrie incroyable et probablement grâce à des calculs mathématiques poussés .
Nous avons pris l’avion , reconnu ou pas les figures que l’on nous décrivait , mais en tout cas n’avons pas pu prendre des photos lisibles , cela allait trop vite . Nous n’avons que quatre photos à vous montrer . De nombreuses théories se sont fait jour mais aucune thèse sérieuse n’est vraiment établie actuellement . Nous avons payé 120 euros pour pas grand chose en ce qui concerne les photos mais nous sommes contents d’avoir pu voir du ciel ce fameux mystère .
LE COLIBRI
ARBRE OU ALGUES
MAINS
Après Nazca , de la montagne , toujours belle , des camions encore des camions, très peu de voitures particulières . Le désert plat et droit et puis des cultures de coton , de maïs , de vigne beaucoup de vigne . Des dunes de sable immenses se profilent à l’horizon . Nous traversons une grande villa très étendue assez laide , nous avons croisé plusieurs entrées de domaine viticole , Ica est la capitale péruvienne du vin . Mais ce qui attire les touristes ici c’est , à quelques kilomètres au sud ouest , une petite oasis autour d’une lagune , couronnée des dunes que nous avons vues de loin . On vient ici ,et en nombre , pour dévaler les dunes en surf ou en buggy . Les familles , elles , sont au bord de l’eau à l’ombre des palmiers .Nous nous sommes arrêtés pour déjeuner mais nous ne sommes pas montés dans un buggy , les ¨loopings ¨en avion du matin nous avaient suffi .
Nous avons continué notre chemin vers la mer . C’est de Paracas , joli petit port que part une ballade vers les iles Ballestas . Les touristes arrivent la veille car les sorties se font le matin vers 8 heures , il faut être rentré vers 10 heures car après la mer est souvent très agitée . Nous nous arrêtons pour la nuit sur le parking très calme d’un petit supermarché .
Lundi 26 janvier , nous allons à pied faire un tour du côté des départs des bateaux , beaucoup de monde , des groupes surtout et nous décidons de n’y aller que demain . Aujourd’hui nous allons du côté de la réserve nationale de Paracas à quelques kilomètres au sud . De superbe plages , pas vraiment pour la baignade , aux teintes jaune , brun , ocre rouge , avec des petites falaises , des oiseaux ( pélicans , gaviotas , cormorans ….. ) . Nous nous sommes arrêtés à la première plage , le circuit n’est si long mais très sableux . Retour au bivouac de la veille .
Mardi 27 janvier , nous embarquons pour les Iles Ballestas :
Le trajet dure une demi – heure et le bijou que sont ces îles nous apparaît , roses , blanches , rouge foncé , avec des grottes , des arches : splendide ! Des oiseaux en grand nombre et lorsque l’on s’approche on voit des lions de mer , certains en roockeries , d’autres seuls allongés sur les rochers .
Quel spectacle que ces milliers d’oiseaux allant et venant entre les falaises et la mer ! On nous avait prévenus de nous munir d’un chapeau contre les producteurs de guano mais non ! Tout le monde est passé au travers . le guano maintenant est prélevé tous les cinq ou sept ans afin de préserver la beauté des îles .
AMENAGEMENT POUR L’EMBARQUEMENT DU GUANO
LA PETITE OTARIE QUE NOUS N’AVIONS PAS PHOTOGRAPHIEE EN ARGENTINE , ELLE N’ETAIT PAS NEE
Au retour sur la côte , sur une colline en pente vers la mer , à la façon des lignes de Nazca , s’étale un superbe candélabre ( sans doute du 19 ème siècle ) . Les avis divergent sur sa signification , une croix du sud pour orienter les navigateurs , un symbole franc-maçon voulu par San Martin , un cactus vénéré par les peuples andins . Nous sommes tentés par le cactus .