EQUATEUR
Samedi 7 février : nous voici en Equateur , population 15 millions d’habitants , superficie la moitié de la France . Les montagnes occupent la plus grande partie du pays . Les surfaces non recouvertes par la forêt équatorienne ( 40 % de l’ensemble du territoire ) sont cultivées jusqu’à des hauteurs impressionnantes . Nous avons été surpris par la densité de l’habitat . La monnaie officielle est le dollar américain depuis 2001 .
Après la frontière à Huaquillas , notre première grande ville est Machala . Nous faisons des courses dans un supermarché et nous trouvons qu’elles sont aussi chères qu’en France . Par contre le diesel se vend au gallon ( 3,8 l) comme au Pérou d’ailleurs ,ce qui fait le litre à 0,25 euro . Au Pérou cela faisait 0,85 le litre .
Nous prenons la route sans arrières pensées pour Cuenca . C’était ignorer totalement le pays . D’abord , nous nous trouvons dans des mers de bananeraies , c’est d’ailleurs très joli . L’Equateur , nous l’avons lu après , est le premier producteur mondial de bananes . La route est tout de suite mauvaise , plus étroite , des trous énormes et elle monte rapidement . Pas étonnant , Cuenca se trouve à 2500 m . Par moment nous sommes en pleine forêt , à d’autres la route suit une crête avec des précipices des deux côtés . Des maisons tout le long , il est impossible de s’arrêter . Il commence à faire nuit et à pleuvoir . Nous faisons demi- tour et retournons presque jusqu’à l’endroit où nous nous étions arrêtés l’après-midi . Nous sommes le long d’une rue . Vers minuit , on frappe à la vitre . Deux femmes nous expliquent qu’il ne faut rester là , peligro , mais s’avancer vers une clinique où il y a des vigiles toute la nuit , ce que nous faisons . Les vigiles sont d’accord mais nous demandent 20 dollars .
Dimanche 8 février , nous repartons confiants pour Cuenca . Il ne pleut plus . La route d’hier nous paraît plus abordable .
Au bout de 160 kms, nous voici à Cuenca ( 350000 habitants ). Nous nous sommes arrêtés , non sans mal , sur un petit parking , le long d’un rio , en face d’une clinique . Très tranquille , nous sommes dimanche , la ville est presque vide . Nous allons à pieds au centre ville , la Plaza de Armas est très belle , comme toujours .
Lundi 9 février , ce matin tout va bien , dans un café Magnolia 14 , Guy envoie le dernier blog du Pérou . Il fait beau . Nous allons vers le nord , la route est bien meilleure que celle que nous avons prise le premier jour . Nous sommes entourés de montagnes très habitées . nous traversons une grande ville Azogues , puis une autre Canar .
AZOGUES
Il commence à bruiner , puis il pleut franchement . Nous ne voyons rien , les indications routières sont presque inexistantes . De plus nous n’avons pas de carte GPS de l’Equateur . Au lieu de tourner à droite dans la direction de Quito ( vers la montagne ) nous tournons à gauche et nous allons nous retrouver vers la plaine , dans la direction de Guayaquil , la plus grande ville d’Equateur ( 3,5 millions d’habitants ) où nous ne voulons pas aller pour des raisons de sécurité ( le routard le déconseille formellement ) . Il ne pleut plus , il y a même du soleil . Nous reprenons la bonne direction , celle de Quito . Nous nous arrêtons sur un poste à essence pour ne pas renouveler l’expérience de samedi .
Mardi 10 février , nous avons repris la bonne direction vers Quito . Nous sommes dans la plaine . De chaque côté de la route , des bananeraies , toutes plus magnifiques les unes que les autres . Et puis la route recommence à monter . Les flancs des montagnes sont recouvertes de forêt tropicale . Il pleut tous les jours , il y a de nombreux éboulements sans trop de conséquences sur la route mais aujourd’hui nous avons vu les dégâts que cause une véritable coulée de boue , les employés de la voirie étaient très nombreux sur le terrain . Et puis le paysage est devenu comparable à celui que l’on rencontrerait dans le Massif Central , sauf que l’on est à presque 4000 m . Nous sommes aussi surpris par la densité de l’habitat et le niveau très élevé des terres cultivées .
Nous traversons quelques villes assez importantes dont Riobamba ( 130000 habitants ) , située sur le vieux chemin inca qui menait de Cuzco à Quito . Nous pensons avoir aperçu le Chimborazo , le volcan le plus élevé d’Equateur ( 6310 m ) mais toute la partie droite de son faîte était dans les nuages .
RIOBAMBA
Ensuite nous sommes arrivés à Ambato ( 220000 habitants ) , grosse ville étagée sur plusieurs collines . Nous n’avons fait que la traverser pour nous diriger vers Banos (20000 habitants )au pied du volcan Tungurahua . Il culmine à 5023 m et est l’un des plus actifs des Andes . Il s’est réveillé puissamment fin 1999 et en 2012 il a provoqué toute l’évacuation de la population de Banos .
Mais Banos est connue de manière plus positive pour ses thermes aux eaux chaudes et sulfureuses qui sortent des entrailles du Tungurahua . La petite station thermale s’est muée en une ville ultra touristique assez ordinaire qui organise de multiples activités sportives . Des piscines thermales ( les plus connues sont celles de la vierge ) se trouvent juste sous la chute d’eau qui tombe de la colline du côté est de la ville . Nous la voyons de notre bivouac situé au bord d’un parc de jeux .
Mercredi 11 février : visite à pieds de Banos . Nous allons d’abord du côté de la chute , plus on se rapproche plus , tout cela paraît vieillot . On monte un escalier très glissant , on se fait arroser et à droite en contre bas apparaissent les piscines où les gens sont dans un ¨jus¨un peu jaunâtre , normal , l’eau est sulfureuse .
Nous nous dirigeons ensuite vers le centre ville , très vétuste lui aussi mais avec une joli place et l’église en fond de tableau .
Revenus au camping-car , nous reprenons notre première idée qui était de continuer le long du rio Pastaza pour aller à Puyo , ville importante de l’Oriente autre nom de l’Amazonie . Amazonie que nous pensions trop éloignée lorsque nous étions au Brésil . Le rio Pastaza a creusé un très profond canyon et finit sa course en Amazonie . Au bout de cinq kilomètres environ , nous voyons sur un petit parking des curieux penchés au bord du canyon . Du saut à élastique, pensons nous , vu la hauteur et bien pas du tout ! C’est la première tarabita . Il y en aura sept tout au long du canyon . Suspendue avec un cable au dessus du vide , une nacelle métallique traverse le rio , large ici de 400 m et emmène les gens de l’autre côté à 180 m au dessus des flots tumultueux .Des gens que cela amuse beaucoup . Ce moyen de transport avait été inventé par les incas . Ils passaient ainsi leurs marchandises d’une montagne à l’autre, y compris leurs animaux .
Nous sommes allés à Puyo pour voir un peu de forêt vierge . La ville elle même n’est pas très attirante , elle a été fondée en 1899 et beaucoup de bâtiments font leur âge . La région produit du thé et du balsa ( un bois léger comme du papier ) . Nous avions l’adresse d’un parc ethnobotanique , installé le long du rio non loin d’un superbe hôtel El Jardin complètement enfoui dans la forêt . Après pas mal de recherches , nous avons franchi le pont suspendu menant au parc .
PUYO
Le parc de quinze hectares est planté d’une grande variété d’arbres et de plantes surtout médicinales que l’on trouve ici en territoire Shuar et Waorani ( les fameux réducteurs de têtes surnommés Jivaros par les espagnols ) . Nous avons un peu regretté d’y être allés car c’était trop technique pour nos compétences en matière d’arboriculture surtout médicinale .
HABITAT TRADITIONNEL JIVARO
Jeudi 12 février : départ de Banos pour Saquisili , petite ville à côté de Latagunga , où se tient tous les jeudis l’un des plus beaux marchés d’Equateur . La ville elle même est plate , sans grand caractère . Nous cherchons du côté de la place centrale : rien . En fait les marchés sont dispersés à plusieurs endroits de la ville . Nous avons commencé par le marché classique des fruits et légumes , comme toujours très haut en couleurs . Ensuite nous nous sommes dirigés vers les animaux , principalement la volaille , les lapins , les cochons d’Inde appelés cuys ( on prononce couit ) . C’est le plat de fête des équatoriens . Nous pensions en outre voir des lamas mais nous n’avons vu que des moutons qui étaient déjà achetés et embarqués dans des camionnettes . Nous avons acheté deux chapeaux . Ils sont très chics portés par les gens d’ici .
En rentrant au camping-car , Guy n’a plus son portable dans la poche à scratch de son pantalon . Erreur inexcusable que le pickpocket ( plutôt la ) n’a pas manqué d’exploiter .
Après cet épisode nous avons repris la route vers Quito avec l’espoir de voir au passage le volcan Cotopaxi qui , à 5897 m est le deuxième sommet de l’Equateur après le Chimborazo . Il se trouve dans le parc national Cotopaxi , c’est l’un des volcans les plus dangereux des Andes . L’entrée du parc se trouve à sept kilomètres de la Panaméricaine , mais au bout de 13 kms , route de ripio , montée assez vertigineuse et le volcan est dans les nuages ( nous sommes dans la saison des pluies ) : demi tour . Quito est maintenant à 60 kms . Toujours sans GPS nous n’en menons pas large pour trouver un arrêt , mais nous avons l’adresse d’un parc que nous trouverons assez facilement en lisant bien le plan . C’est le Parque La Carolina , situé dans un quartier bourgeois et dont l’attrait principal est la proximité du bus pour se rendre au centre , de plus le parking est gardé .
Vendredi 13 février , nous prenons le bus ( 0,20 euro ) pour aller au centre de Quito , deuxième ville d’Equateur et capitale (2,3 millions d’habitants ) .
QUITO , lumière de l’Amérique a dit Simon Bolivar et c’est exactement ce que l’on ressent quand on arrive sur la Plaza Grande ou Place de l’Indépendance . On est ébloui par la blancheur des édifices , la puissance de la lumière andine . Quito à 2850 m d’altitude est la deuxième capitale la plus haute du monde après La Paz en Bolivie . Elle s’étire , tout en longueur dans une vallée entourée de collines verdoyantes et est dominée à l’ouest par les volcans Rucu et Guagua Pichancha qui culminent respectivement à 4627 m et à 4776 m . La ville est la première à avoir été inscrite au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 1978 . Les incas y imposèrent leur culture et leur religion . A l’arrivée des espagnols , ils préférèrent détruire la ville plutôt que de la livrer et ces derniers construisirent leur ville à la place des temples incas . Les seuls vestiges historiques datent donc de l’époque coloniale . Et l’on peut dire que certains sont fastueux .
Ce qui est très beau à Quito ce sont ces rues qui débouchent sur les collines entièrement couvertes de maisons aux belles teintes pastel . Et au sommet de la colline du petit pain qui domine la vieille ville par le sud , est perchée l’immense vierge ailée en aluminium qui date de 1976 . Le quartier malheureusement ne se visite que sous la surveillance d’une brigade de sécurité .
Samedi 14 février : départ de bonne heure de Quito pour Otavalo . Nous voulons aller voir un marché qui se tient le samedi et est très célèbre dans la région . Mais la sortie de Quito est un peu difficile , nous passons à la station service et pour l’eau cela demande beaucoup de temps , la circulation est très chargée , les paysages très torturés . Ce qui fait que lorsque nous arriverons à Otavalo le marché sera presque terminé . La population autochtone des indiens Otavalo contraints au travail forcé du tissage par les espagnols puis par les colons s’était forgée une expérience devenue internationale dans ce domaine . Ils ont fini par développer une économie du textile qui les a rendus célèbres dans le monde entier . Le samedi , les indiens des villages environnants affluent ici pour y échanger , vendre et acheter du bétail ou des produits de première nécessité . Hommes et femmes portent un costume extrêmement élégant .
Nous terminerons notre périple un peu court en Equateur à la jolie lagune de Yahuarcocha , située dans les environs d’Ibarra l’une des dernières villes importantes avant de passer la frontière avec la Colombie .
Nous sommes allés dans un camping , le Summerwind ( 10 dollars la nuit ) ,les bords de la lagune étant paraît-il propices aux agressions . Nous en avons profité pour faire du lavage , du rangement et du nettoyage .
Nous serons restés dix jours en Equateur en ayant parcouru 1445 kms .